L’Oignon de Siorac en Périgord : la renaissance d’une variété locale patrimoniale
Publication : 17/06/2025
L’oignon, comme l’ail, s’inscrit dans la cuisine traditionnelle du Sud-Ouest. Préparés crus ou cuits, tous deux représentaient la base de l’alimentation des ouvriers et paysans du XVIIe siècle. Facilement transportable, économique, de bonne conservation et nourrissant, le commerce de l’oignon est florissant. Certaines communes en font une spécialité locale comme l’Oignon de Serres, de Bergerac, ou encore de Douzillac. Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que sa consommation crue décline progressivement et qu’il devient un ingrédient de base dans les soupes ou en base aromatique dans nos plats traditionnels.
DEPUIS 2023, MARAÎCHERS ET JARDINIERS AU CHEVET DE L’OIGNON DE SIORAC EN PÉRIGORD
C’est au cours de la Journée d’été 2022 de la Maison de la Semence Paysanne Potagère d’AgroBio Périgord, que nous avons découvert l’existence de l’Oignon de Siorac en Périgord. Un appel lancé aux maraîchers du Périgord Noir nous a permis de retrouver une petite quantité de semences – à peine 3 grammes – ainsi que les contacts des deux ou trois derniers jardiniers qui en assuraient encore la sauvegarde.
En 2023, les derniers jardiniers-conservateurs nous ont confié 7 grammes de semences ainsi que quelques bulbes de l’Oignon de Siorac afin de relancer sa culture et de le faire connaître aux maraîchers. Ce fut le point de départ d’un travail collectif de multiplication et de valorisation.
L’année suivante, nous avons récolté 100 grammes de semences. Cette production permettra, en 2025, de diffuser la variété auprès d’une vingtaine de maraîchers et jardiniers. En parallèle, 150 bulbes ont été distribués pour assurer une nouvelle production de semences pour 2026.
L’Oignon de Siorac en Périgord
2 DÉFIS À RELEVER POUR ASSURER L’AVENIR : LA CONSTITUTION D’UN RÉSEAU DE PRATICIENS ET L’AMÉLIORATION DE LA VARIÉTÉ
La constitution d’un réseau de praticiens est indispensable pour pérenniser la variété :
- Pour la production de semences : nous avons besoin de maraîchers et de producteurs de semences pour produire les bulbes. Ces bulbes seront sélectionnés et conservés pour produire des graines chaque année.
- Pour la production de plants à destination des maraîchers : la participation de pépiniéristes est essentielle pour produire des plants prêts à cultiver.
Vous êtes maraîcher, semencier, pépiniériste ou jardinier et souhaitez contribuer à cette aventure ?
Contactez Orlane de la Maison de la Semence Paysanne Potagère d’AgroBio Périgord :
📞 06 86 38 86 41 – ✉️ o.salvadori@agrobioperigord.fr
AMÉLIORATION DE LA VARIÉTÉ
Aujourd’hui, l’Oignon de Siorac en Périgord présente une très grande variabilité. Une sélection participative peut être envisagée pour fixer certains caractères et faciliter la commercialisation. Parmi les critères d’amélioration et de stabilisation, on compte :
- Résistance aux maladies
- Précocité
- Rendement
- Calibre
- Qualité de la peau
- Fermeté
- Forme du bulbe
- Couleur de la chair
- Durée de conservation
- Présence et le nombre de bourgeon terminal et axillaire
- Goût
PORTRAIT DE L’OIGNON DE SIORAC EN PÉRIGORD
Les premiers essais montrent une très grande variabilité de la variété. L’oignon est assez précoce, avec une peau cuivrée foncée et un bulbe rond pouvant aller de 45 g à 1 kg selon les conditions de culture. Des formes allongées coexistent. La chair, blanche à violette, est plutôt douce et juteuse.
Les rendements obtenus varient entre 12t/ha et 20t/ha selon les conditions de culture (densité et fertilisation). Récolté et stocké dans des conditions sèches et ventilées, l’oignon a pu être conservé jusqu’en avril.
Comparaison de 4 variétés d’oignon lors de l’essai variétal 2023. De haut en bas et de droite à gauche : Oignon de Tarassac, SAT 15, de Limoges et de Siorac en Périgord.
Récolte des oignons de Siorac en Périgord début août 2024
CONSEILS DE CULTURES
Fertilisation : la variété valorise bien (voire trop bien) les fertilisations généreuses.
Type de plant : en motte de 4 plants, en bouchon de 2-3 plants ou en racines nues.
Semis : d’octobre à février pour les plants en racine nues. Février pour les plants en motte.
Plantation : mars à avril.
Densité de plantation : 30 à 35 plants/m².
Paillage : sans ou sur toile tissée.
Irrigation : aspersion, à arrêter 2 à 3 semaines avant récolte pour assurer une bonne conservation.
Récolte : 107 à 128 jours après plantation début août alors que les feuilles sont encore un peu vertes.
Calibre moyen : entre 6 et 8 cm de diamètre. 45 à 60 g/bulbe, mais peut aller jusqu’à 500 g voire 1 kg !
Rendement : 12t/ha à 20t/ha selon les conditions de culture.
Stockage : 5-6 mois si récolté et stocké dans des conditions sèche et ventilé.
Résistance : sensible au mildiou.
Plantation sur toile tissée d’une motte de 4 plants d’oignon. On observe déjà à ce stade 2 couleurs de bulbes : rosée et jaune.
LE CYCLE DE L’OIGNON, UNE BISANNUELLE SIMPLE À MULTIPLIER
La production de semences d’oignon suit un cycle bisannuel. Les bulbes conservés sont replantés pour produire des fleurs, puis des graines.
Mise en terre des bulbes germés
Extraction des semences chez Wouter Van Mill : les inflorescences sont frottées sur un tamis à grosse maille. Le mélange résidus + semences est tamisé plusieurs fois à différentes mailles. Les particules sont ensuite triées à l’aide d’un ventilateur.
CONTACT
Orlane SALVADORI, Animatrice semences paysannes potagères – 06 86 38 86 41 – o.salvadori@agrobioperigord.fr
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